Voilà 1 mois et demi que nous avons quitté la Bolivie et c'est maintenant qu'intervient cet article.

Pourquoi tant de temps? Parce que la Bolivie est si différente, si particulière et atypique que nous avons ressenti le besoin de prendre du recul pour bien la comprendre et en parler avec le maximum d'objectivité.

En Bolivie, tout y est authentique, parfois même sauvage. Comme si rien n'avait bougé depuis quelques décennies. Ici, on fait ce que l'on peut avec ce que l'on a. En dehors des quelques grandes villes que nous avons volontairement évitées, ne cherchez pas de magasin, vous n'en trouverez pas. Seuls quelques marchés existent, dans lesquels vous y trouverez les fruits à côté des lingettes, les légumes au milieu des savons. Et lorsque vous serez sortis de ces agglomérations, il vous faudra acheter ces produits dans des sortes d'épiceries, logements dont les premières pièces se sont transformées en petits commerces où y vit toute la famille. Vous pourrez d'ailleurs même manger à l'arrière de l'épicerie, dans une salle ou quelques tables et chaises ont été installées pour y accueillir touristes et locaux qui souhaitent se restaurer rapidement et pour quelques bolivianos. Riz, poulet frit et légumes précédés d'une soupe aux haricots vous seront servis, préparés par le jeune fils de la famille, qui fera également le service et ira aider la mama au commerce pendant que ses petits frères et soeurs courent d'une pièce à l'autre. 

En Bolivie, rares sont les fois ou nous avons préparé nos repas. Il est possible d'acheter des empanadas ou autre spécialité sur le bord du chemin pour l'équivalent de 3 ou 4€ pour tout le monde. 

Les Boliviens et Boliviennes ont conservé leurs habits traditionnels. Alors en plus de leur physique reconnaissable, petit et trapu, il est aussi aisé de les identifier grâce à leurs tenues travaillées, colorées, fabriquées à la main avec de la laine d'alpagas. Les tissus y sont chaleureux et les motifs festifs. 

Nous entrons sur le territoire Bolivien dans le vif du sujet. Le désert du Chaco est un endroit hostile qui s'étend sur des centaines de km2. Il y fait chaud, sec. C'est un territoire peu emprunté par les locaux et nous n'y croisons que d'énormes camions de transport. Par conséquent, la piste y est très mauvaise. Elle est faite d'une succession de routes en asphalte dont les nids de poule sont si profonds et étendus qu'il nous faut parfois rouler sur les bas côtés plutôt que sur la voie, et de pistes en cailloux dont les ornières font chasser nos roues de manière incessante. 

Nous débutons la découverte de ce pays par le très beau parc Sajama qui porte le nom du sommet autour duquel il s'étend. Nous y sommes arrivés un jour de grand vent ce qui nous a forcé à prendre une chambre d'hôtel franchement médiocre et au tarif plus que prétentieux pour les prestations proposées. Heureusement, le lendemain, le vent est tombé et e soleil était au rendez-vous. Une bien belle journée pour découvrir les paysages sublimes de ce parc, dominé par le mont enneigé Sajama. Nous gagnons donc les geysers et y passons de longues heures à comparer les différentes températures, observer la pureté de l'eau et la vapeur qui s'échappe de ces trous béants. Une découverte bluffante autant pour les enfants que pour les parents qui nous fascine tellement que nous décidons le soir même d'y revenir pour y bivouaquer. Ce campement restera un moment suspendu de notre voyage, avec cette impression étrange de dormir sur une toute jeune planète préservée dont nous serions les seuls à connaitre l'existence. 

Site très attendu par tous, nous arrivons au salar d'Uyuni un jour de fête locale par un heureux hasard du calendrier! Nous sommes une fois de plus plongés dans les musiques et danses traditionnelles et nous nous restaurons sur place. Nous choisissons ensuite un bivouac qui nous permettra de profiter pleinement du lever du soleil sur le salar. Rendez-vous prit, c'est à 5h30 que nous nous réveillons pour admirer le tableau coloré que nous offre la nature et qui restera le plus grand lever de soleil que nous aurons la chance d'observer dans nos vies. Jamais nous n'avions assisté à l'aube dans cette dimension et nous connaissons à nouveau ce sentiment d'être seuls au monde pour admirer un phénomène à perte de vue. 

Nous pensions avoir connu des conditions météorologiques et d'infrastructures difficiles, qu'on se le dise, le sud Lipez est mille fois pire!!! Il vous sort de votre zone de confort et vous expose à des conditions de voyage qui flirtent avec vos limites. Le sud Lipez a été une étape complexe pour toute la famille. Le vent glacial et puissant, la tôle ondulée sur des centaines de kilomètres ont clairement entamé nos motivations et notre tolérance. Pourtant, après de longues heures à travers ces espaces, les lagunes s'étendent devant nos yeux, avec leurs palettes de couleurs incroyables qui changent au gré des lumières. Le sud Lipez est clairement le royaume de oiseaux et plus particulièrement celui des flamands rose qui vivent sur ces lagunes en colonies dont le nombre incroyable accentue encore la beauté des paysages et de ses couleurs hors du commun. 

La Bolivie est donc un pays complexe. Complexe car pour en prendre toute sa dimension et tenter de le comprendre, il faut s'y plonger pleinement, tel que nous l'avons fait; emprunter ses pistes, s'immerger au sein d'une fête locale et accepter de perdre nos habitudes et nos repères pour s'imprégner des conditions de vie des Boliviens. C'est à ces conditions que l'on peut s'imaginer la difficulté de vivre dans un tel pays. Mais malgré la rudesse de son quotidien, la Bolivie offre un tel tableau, de tels paysages que toutes les difficultés s'évanouissent devant les couleurs et la beauté de la nature. Ce sentiment d'émerveillement est d'autant plus fort que la gentillesse des Boliviens est indéniable et leur accueil chaleureux. Malgré nos différences physiques que nous avons ressenties pour la première fois depuis le début de notre voyage et qui ont parfois fait de nous l'attraction locale, nous nous sommes en permanence sentis en sécurité et les bienvenus dans ce joli pays si particulier. 

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