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Maroc, avril 2019

C’est sans 4x4 et sans nos 4 pattes mais en famille que nous nous envolons pour des vacances au Maroc. 3 générations réunies pour découvrir au rythme du soleil et des chants orientaux les trésors de ce pays si proche mais si différent de nos us. De 3 à 60 ans, nous partons arpenter les ruelles de Marrakech, nous perdre dans les dédales des souks, nous noyer dans les bruits de la place Jemaa El- Fna mais aussi nous enivrer de l’immensité du désert d’Agafay. C’est donc une joyeuse troupe de 10 adultes et 8 enfants qui débarque, quittant notre fraicheur d’avril pour la chaleur du climat Africain, mais aussi celle des coeurs des marocains. 

A peine sortis de l’avion, nous voilà donc projetés dans l’effervescence de la ville, celle de Marrakech. Là où se mêlent cars, minibus de tourisme, voitures, voiturettes, chevaux de calèche, mules, scooters et mobylettes, vélos et piétons, tous concernés par la même règle: avancer, coute que coute. Un désordre et une émulation effarantes dans un concert de klaxons, de sabots sur le bitume, et toujours au rythme sonore si facilement identifiable de l’Afrique septentrionale. Mais très vite, cette scène à première vue hostile et anxiogène se révèle ressembler, à y regarder de plus près, à un ballet de circulation sans code ni règle, mais parfaitement ficelé. Ici, on ne fait pas d’appels de phares à l’automobiliste d’en face qui mange la ligne blanche. Ici, on n’injurie pas le chauffeur de taxi qui s’arrête sur le bas côté pour serrer la main du piéton. Ici, personne n’est meilleur conducteur que son voisin. Au Maroc, lorsque l’on klaxonne, c’est pour avertir son voisin de route que l’on est pas loin et qu’il faut faire attention car il y a bientôt tôle contre tôle. C’est pour signaler que la 2 voies se transforme en 3 parce qu’après tout, il y a de la place pour tout le monde si on fait bien attention. Là où en France, le droit et les règles priment, quitte à risquer l’accident sous prétexte de priorité, au Maroc, c’est le bon sens et le respect de chacun qui fait son oeuvre. La route est à tout le monde, chacun l’emprunte et y applique les usages qui lui semblent les plus à propos, sans négliger ni ignorer l’autre, qui comme lui, utilise les réseaux routiers. Alors certes, il faut bien reconnaitre que nos coeurs se serrent et nos poils se hérissent à la vue d’enfants sans ceinture à l’arrière des voitures, mais aussi des familles, parfois composées de 2 ou 3 enfants, souvent très jeunes, parfois bébés, sur des 2 roues, blottis au creux des bras de leurs parents. Mais malgré tout, voyage se fait et dans la bonne humeur. 

C’est à pied que nous poursuivons notre découverte de la ville, vivant ainsi plus fort chaque percussion, chaque odeur, chaque rencontre. Marrakech, c’est le lieu dans lequel tu te retrouves, sans même y avoir donné la validation, avec un serpent autour du cou ou un singe sur l’épaule. Nos enfants sont intimidés, nous ouvrons tous de grands yeux face à l’étrangeté des scènes que nous observons. Curiosité passée, je m’aperçois bien vite que le serpent posé sur mes épaules me parait faible, sans muscle, atone, le contraire même de l’idée que je m’en fais. Nous choisissons de ne pas prolonger la séance que nous ne cautionnons pas et préférons continuer notre chemin. Nous nous enfonçons dans les souks qui regorgent d’épices odorantes, de fleurs de cactus aux mille couleurs, de sonorités d’outils qui frappent le métal, de textures multiples, entre cuirs et tissus, de sollicitations diverses, plus ou moins pressantes pour nous faire débourser quelques dirhams contre des produits authentiques, ou pas. 

Mais le Maroc, c’est aussi l’immensité du désert d’Agafay, paisible et ressourçant par son calme et l’image grandiose qu’il nous impose. Ce désert, nous l’avons découvert en 4x4 mais nous l’avons vécu en quad. Nous nous y sommes retrouvés entourés de son immensité. Nous avons tenté d’apprivoiser ses difficultés en passant par des pseudos chemins que seuls les roues des quads peuvent emprunter, et il nous a offert sa grandeur, ses espaces étendus à perte de vue, comme si rien d’autre ne pouvait exister au delà de l’horizon. 

 

 

Et puis, nous avons été accueillis par les berbères et leurs enfants, les restaurateurs, les policiers et les locaux avec beaucoup de tolérance et de joie. Les marocains aiment les enfants et ils le montrent. A plusieurs reprises, nous avons pu voir les commerçants se baisser à la hauteur de nos enfants, leur souhaiter la bienvenue, parler foot et les gratifier d’une caresse dans les cheveux. 

Le Maroc, c’est le pays ou tout devient possible. C’est manger un tajine merveilleux d’agneau dans un restaurant à 1 800m d’altitude en y montant en 4x4 par une piste que le chauffeur n’avait encore jamais empruntée, tout juste assez large pour passer un véhicule, rendue impraticable à cause de travaux suite à un affaissement de terrain du aux pluies de la semaine précédente, qu’un engin se dépêchera de remblayer à la vue de nos véhicules. C’est redescendre de ce restaurant vers le village d’Imlil à dos de mules. C’est avoir envie d’un massage à 10h du matin et voir arriver la masseuse à domicile à 16h30. C’est manger le repas à 14h30 alors que tu as demandé que ce soit prêt pour 13h. C’est se faire interpeler sous le nom de « gilet jaune » dans le souk. C’est de longues négociations et des tarifs incertains, quel que soit le produit ou le service convoité. C’est manger du poisson frit avec ses doigts sur la place de Jemaa El-Fna assis à côté d’un voisin inconnu quelques secondes auparavant qui commande une demi tête de mouton qui arrivera à table la dentition noircie par la cuisson. C’est se faire applaudir par les cuisinières quand tu fais avec elles un briouate dont elles viennent de t’expliquer l’assemblage.  C’est s’enfoncer dans les ruelles sombres et malodorantes de Marrakech, devancés par un marocain qui t’ouvre les portes d’un restaurant magnifique, dont tout touriste qui se respecte ignore l’existence, pour pouvoir y déguster un cocktail faiblement alcoolisé à l’abri des regards. 

Avec ces vacances, nous sommes sortis de notre zone de confort et avons découvert les richesses du Maroc. C’est une belle amorce de ce qui nous attend durant notre futur voyage qui débute en août prochain. Elles nous confortent dans notre choix et nous ont démontrés encore une fois que le monde ne s’apprend pas dans les livres mais se vit. Merci. 

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Commentaires: 2
  • #1

    Julie (lundi, 15 avril 2019 22:36)

    Merci Raphaëlle pour ce magnifique article de nos vacances en famille! hâte de lire le blog pendant votre tour du monde...

  • #2

    Robillard frederique (lundi, 29 avril 2019 18:30)

    Bonjour Raphaëlle
    Merci pour ce beau témoignage que Julie nous transmis sur messenger. J'avais hâte de le lire car nous partons en juin à Fez, Marakech et Essaouira pour nos 40 ans de mariage. Jusqu'ici nous avons peu voyage hors de France. Nous ne connaissions que l'Amérique latine. Votre témoignage nous plonge un peu avant le départ dans l'ambiance du pays.
    Je suis la tante de Julie la soeur de son papa